La pensée divergente ou l'anticonformisme enfin valorisé

"Pensée divergente"... rien que l'expression récolte déjà toutes mes faveurs. Je ne peux m'empêcher de penser à l'ensemble des personnes qui font "exprès" d'avoir un chemin qui ne va pas droit (ah les cons !), à l'ensemble des ces personnes qui ont le toupet de penser différemment. Que vont-ils dire face à toute cette reconnaissance soudaine de leur utilité à notre monde ?

Selon le psychologue J. P. Guilford (1967), qui a étudié la créativité pendant plusieurs décennies, les penseurs créatifs maîtrisent la pensée divergente, c'est-à-dire la capacité de produire de nombreuses idées, questions ou solutions en présence d'un problème pour lequel il n'existe aucune solution qui fait unanimité. Plus largement, la pensée divergente est une pensée profondément originale, qui repose sur une synthèse d'association d'idées inhabituelles. Elle est souple, passant rapidement et en douceur d'un flot de pensée ou d'un ensemble d'idées à un autre, fluide et prolifique (Csikszentmihalyi, 1996).

Par comparaison, toujours selon Guilford, la pensée convergente, celle qui cherche une seule solution à un problème bien défini, est le type d'activité mentale que mesurent les tests de QI et les examens scolaires. Cela ne signifie pas que pensée divergente et pensée convergente sont toujours indépendantes ; les deux sont nécessaires pour accomplir la plupart des tâches cognitives. Quiconque veut développer sa créativité doit développer sa pensée divergente, mais la pensée convergente est essentielle pour distinguer les bonnes idées des mauvaises (Csikszentmihalyi, 1996. De même, résoudre des problèmes clairement définis n'exclut pas de recourir à la pensée divergente, puisqu'on peut envisager plusieurs solutions.

 (Extrait de ce super manuel)

Diverger ? Haha. Peut être. J'imagine bien la scène : "Non je regrette, tant de reconnaissance d'un coup, cela me gène. Je pense qu'il existe un autre chemin à la reconnaissance..."... ;)

Plus sérieusement, j'estime qu'il est épuisant de trouver aujourd'hui encore un tel acharnement au conformisme que ce soit au sein des familles, de l'école ou de l'entreprise. Je trouve triste que nous soyons encore aussi obnubilés par le QI alors que la vie est complexe, l'être humain est complexe, le cerveau est complexe, l'intelligence elle-même est une chose complexe. Je trouve qu'il y a même une forme d'arrogance à penser ne serait-ce que la mesurer. En lieu et place d'une quantification, je milite pour une bienveillance. Celle là même capable d'accepter la différence, d'accepter l'imperfection, d'accepter les sinuosités de la vie...

Allez une petite liste de quelques-uns de mes divergents préférés :

• Maysoon Zahid, extraordinaire combat pour surmonter ses handicaps - De l'arme ultime contre la complaisance...
• L'expression artistique ne connaît pas de standards... Lloyd Newson
• "Quand on arrive à accompagner un enfant vers la mort, on est un meilleur soignant." Catherine Vanier - De la difficile venue au monde des prématuré...
• Luce ou Comment cultiver sa graine de folie et ses particularités
• Tout quitter pour partir dans les prisons argentines ? Valérie... 
• Quand le porno devient l'éducation sexuelle par défaut - Make love not porn, Cindy Gallop
• La poésie de la grammaire : toute une aventure ! Jean-Pierre Minaudier...

PS : Et l'ultime penseur du normal : Dominic Wilcox... Psssst c'est la saison des croustisperges et c'est délicieux !