Modeler le monde de demain en 4 leçons délicieuses

Modeler le monde de demain en 4 leçons délicieuses


Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'une rencontre qui m'a beaucoup donné à penser : Alice Waters, cheffe du restaurant californien "Chez Panisse". Je l'ai rencontrée au détour d'une séance d'épluchage de pommes de terre, dans ma micro-cuisine par le biais de ma bienveillante copine Arte et de cette super série "Le Bonheur est de l'Assiette". Ah et j’ai oublié de préciser qu’elle était la vice-présidente de Slow Food International, bref, elle et moi, on était faites pour s’entendre.


Inspirée d'un voyage en France lors de ses 19 ans, Alice s'émerveille des marchés et petits bistrots. Déclic, c'est exactement ce qu'elle veut vivre, mais pas en France, chez elle, en Californie. C'était il y a environ 40 ans, et à ce moment-là (et il y a encore quelques années, quand moi je faisais le contraire d'Alice et allait passer quelques étés à Portland), les Etats-Unis sont le paradis du pré-préparé, des légumes/fruits frais ? Trop chers... mais surtout, ce qui m'avait le plus choquée à l'époque, les Etats-Unis, c'était le pays des repas pris sur le pouce, en solitaire : aucun repas familial dans la journée, on mange quand on veut et quand on a faim !

Vivre le monde tel qu'on le rêve

Autant dire qu'Alice a un sacré tempérament. Elle lance alors le mouvement "de la ferme à la table". Une révolution ! Et c'est là, la première bouffée d'inspiration : pour vivre le monde tel qu'on le rêve, il faut le créer. Je veux du bio, du local, du frais ? Très bien, je lance mon restaurant et je pars en quête d'un producteur qui grâce à mes achats quotidiens, peut vivre de son activité, la faire fructifier, et donc effet boule de neige, proposer davantage de ses supers produits à d'autres, etc. Adieu intermédiaires, le bien manger, ce sera entre le producteur et moi, de sa ferme à ma table.

Le vote et la consommation : un mot pour l’autre ?

C’est donc en consommant que je vote, que je modèle le monde de demain. Il y a toute une séquence où nous la voyons au marché bio. Elle affirme s’y trouver régulièrement, qu’il pleuve ou qu’il vente, elle consomme – et soutient donc – ces producteurs bio, locaux, aussi en hiver, lorsqu’il y a moins. Et là deuxième bouffée d’inspiration, oui c’est plus cher, mais la marge à la fin, c’est pour eux et ça, ça contribue au monde de demain dans lequel je veux vivre et qui va permettre à une famille de réaliser ses projets, et pas à des actionnaires anonymes d’accumuler encore plus de richesses. C’est ce que j’observe avec nos producteurs locaux (viande, fruits, légumes, fromages, lait), ce sont des amis d’enfance retrouvés pour certains, pour d’autres, d’heureuses rencontres, et leurs produits, c’est justement le produit de leur vie, et en consommant chez eux, je contribue à ma façon à leurs projets : une nouvelle serre, un nouvel enfant, une nouvelle machine, etc.

Répandre les graines à travers l’éducation

Comment faire porter sa voix plus loin ? Comment provoquer le changement au-delà de son propre pré carré ? La réponse d’Alice : en plantant des potagers dans l’enceinte même des écoles, et en commençant par les écoles publiques. Et là je voudrais souligner le fait que de parler d’écoles publiques aux Etats-Unis, ce n’est pas rien, parler de cultiver et cuisiner soi-même, c’est encore plus impressionnant mais adapter l’enseignement de plusieurs matières à travers l’évolution des saisons d’un potager… c’est tout bonnement incroyable. Alice Waters l’a fait. L’avenir réside dans les mains (vertes) des enfants.

La révolution délicieuse

Et là vous vous dites que c’est bon, c’est bien assez de contribution au monde pour une seule personne mais non, Alice Waters va encore un chouia plus loin. Elle saupoudre sa philosophie de la touche de magie qui donne envie d’y revenir. Elle appelle cela « la révolution délicieuse » et ce qu’elle entend par là, c’est que le changement ne peut survenir que si l’envie de changer nait. Au compost les leçons magistrales, les « il faut que » et les « y a qu’à », donner envie de changer, c’est proposer. Proposer de gouter les choses délicieuses de la vie pour donner envie de les reproduire, de les recréer pour soi et son entourage…


Je suis admiration. Je suis béatitude.



La recette des oeufs à la cuillère cuits dans la braise...



Je vous conseille donc vivement cette saison 3 du "Le Bonheur est dans l'Assiette", mes épisodes préférés : le Québec et le Chili. Ce n'est pas encore disponible dans la boutique Arte en VOD, mais ça ne devrait pas trop tarder. Ré-ga-lez-vous ! La saison 1 & la saison 2 si jamais (mais je ne les ai pas vues, c'est donc à vos risques et périls ;)...).

PS : Le slow food et son guide, tenir les opposés jusqu'au bout de ses rêves & pourquoi parle-t-on  bien davantage des jambes de Taylor Swift que du réchauffement climatique ?

Aucun commentaire:

Le Carnet de Maurine, c est un blog suisse qui se veut comme un carnet de réflexions que l on pourrait ouvrir à n importe quelle page : un sujet en menant tout naturellement à un autre. Une aventure guidée par la curiosité... A l abordage !

Le Carnet de Maurine © 2014-2016. Fourni par Blogger.