La dissonance cognitive

La dissonance cognitive


Voilà un des concepts que j'ai trouvé le plus fascinant ce semestre : la dissonance cognitive.

La dissonance cognitivePrenons une expérience* simple : je donne à manger des sauterelles à deux groupes de personnes. Pour l'un des groupes, l'expérimentateur sera sympathique et inversement. Quel groupe va trouver que le goût des sauterelles est le meilleur ? Le groupe avec l'expérimentateur gentil ou antipathique ?

Contre-intuitivement : le groupe avec l'expérimentateur antipathique.... et ce n'est pas un résultat isolé ! Pourquoi ?

⇨ C'est là que le concept de dissonance cognitive entre en jeu.

Deux éléments ou plus entrent en dissonance quand l'un pris individuellement est l'inverse de l'autre (ce n'est pas nécessairement une relation logico-mathématique, on peut percevoir de l'incohérence là où il y a logiquement de la cohérence).

Reprenons notre exemple :
     • "je mange une sauterelle alors que rien de m'attire dans les sauterelles et en plus, je le fais avec un expérimentateur désagréable.... " → dissonance forte
     • "je mange une sauterelle alors que rien de m'attire dans les sauterelles mais bon ça va, l'expérimentateur est sympa...." → pas de dissonance

La dissonance cognitive est perçue quand la relation entre ces deux éléments provoque un état désagréable chez l'interlocuteur et provoque chez ce dernier un comportement actif de réduction et d'évitement de cette dissonance.

Il y a 3 moyens de faire face à la dissonance "les sauterelles me dégoûtent mais j'ai quand même mangé une sauterelle" :
  1. changement du comportement et respect de l'attitude : "je ne mangerai plus de sauterelle car elle me dégoûtent".
  2. justifier le comportement en ajoutant de nouveaux éléments : "je mange une tablette de chocolat pour oublier le goût"
  3. justifier le comportement en aménageant ma croyance : "ça n'a pas si mauvais goût finalement"
Ici dans notre exemple, la seule chose que je peux changer c'est mon goût pour les sauterelles...

***

La dissonance cognitive est en jeu à chaque fois que vous observez que quelqu'un doit faire un choix entre deux produits équivalent (dois-je peindre mon mur bleu clair ou bleu layette ?) et qu'ensuite cette personne passe une heure à justifier son choix...  ce qui conduit à se poser la question suivante : est-ce parce que l’option choisie est la meilleure qu’on la choisit ou est-ce parce qu’on la choisit qu’elle en devient la meilleure ?

Autre expérience :
     • Si je mets un jouet très attirant pour un enfant sur une table, que je lui demande de jouer avec tout sauf ce jouet et que j'annonce que je vais sortir de la pièce. Juste avant de sortir, je le menace soit faiblement "je serais triste et fâché si tu jouais avec" ou fortement "je serais triste et fâché si tu jouais avec et de plus en cas de désobéissance j'emporterais tous les jouets et ne reviendrais plus jamais et te considérerais comme un « petit bébé »".
     • Pour tous les enfants n'ayant pas touché le jouet, on mesure l'attrait perçu et on le compare à l'attrait mesuré au début de l'expérience.
     • Les seuls qui ont un attrait pour le jouet plus faible à l'issue de l'expérience sont ceux ayant reçu une menace faible car ce sont les seuls à avoir été en dissonance.
     • Pourquoi ?

⇨ Le raisonnement de l'enfant est le suivant : "je n'ai pas joué avec l'objet alors que j'en avais très envie et en plus, ce n'était pas la fin du monde si j'y jouais (menace faible), j'ai dû le faire pour une raison : oui, ce jeu n'était pas si intéressant finalement..."

Ceci pourrait être une expérience isolée sauf qu'on peut aisément détourner ce résultat : comment faire pour changer l'avis de quelqu'un sur quelque chose de manifestement mauvais/moins avantageux/moins intéressant ? on bascule alors dans l'influence.

La dissonance cognitive


Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? 

Parce-que nous sommes loin d'être des marionnettes manipulables à l'envie, et d'autant moins, quand nous sommes "éclairés". Ainsi à l'avenir, quand vous vous surprendrez à vous justifier pour une raison ou une autre, demandez-vous, est-ce vraiment parce-que j'ai fait un bon choix ou que je tente à tout prix de rationaliser une situation absurde ?


PS : Cela me fait penser à l'importance de la différence entre corrélation et relation de cause à effet et le début de la fin du "excusez-moi" à tout bout de champ...


*Expérience de Zimbardo datant de 1969.
Source : Cours du professeur Quemziade

2 commentaires:

Le Carnet de Maurine, c est un blog suisse qui se veut comme un carnet de réflexions que l on pourrait ouvrir à n importe quelle page : un sujet en menant tout naturellement à un autre. Une aventure guidée par la curiosité... A l abordage !

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