(Roman) Amkoullel, l'enfant peul

(Roman) Amkoullel, l'enfant peul

"Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle."
Amadou Hampâté Bâ


J'ai adoré découvrir le Mali du XXe siècle à travers l'autobiographie d'Amadou Hampâté Bâ (1900-1991), écrivain, ethnologue, fervent défenseur de la tradition orale et membre du conseil exécutif de l'UNESCO.

On le suit durant toute son enfance et adolescence, héritier de deux familles nobles peules, arpentant la savane, vouant un respect infini à sa mère Kadidja qui lui transmet les nombreuses traditions et croyances, découvrant les jeux politiques du royaume de Bandiagara pour en devenir lui-même acteur du haut de sa waaldé (association de jeunes gens), récitant les leçons de l'école coranique et française, et ce faisant, constatant les effets du colonialisme...

... j'en ai fait de magnifiques rêves colorés, chaleureux et joyeux pendant de nombreuses nuits.

Voici quelques passages savoureux qui, je l'espère, vous ouvrirons l'appétit...

.... sur les coutumes
En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement. C’est pourquoi, lorsqu’on veut honorer quelqu’un, on le salue en lançant plusieurs fois non pas son nom personnel (ce que l’on appellerait en Europe le prénom) mais le nom de son clan : « Bâ ! Bâ ! » ou « Diallo ! Diallo ! » ou « Cissé ! Cissé ! » car ce n’est pas un individu isolé que l’on salue, mais, à travers lui, toute la lignée de ses ancêtres. 
Lorsqu'on restitue un événement, le film enregistré se déroule du début jusqu'à la fin en totalité. C'est pourquoi il est très difficile à un Africain de ma génération de " résumer ". On raconte en totalité ou on ne raconte pas. On ne se lasse jamais d'entendre et de réentendre la même histoire ! La répétition pour nous, n'est pas un défaut.

... sur la place des femmes
L'homme, dit-on chez nous, n'est qu'un semeur distrait, alors que la mère est considérée comme l'atelier divin où le créateur travaille directement, sans intermédiaire, pour former et mener à maturité une vie nouvelle. C'est pourquoi, en Afrique, la mère est respectée presque à l'égal d'une divinité.  

... sur la politique
O gens de Fouta ! Il m'a été rapporté par un ami qui n'est pas du pays mais qui est très vigilant, que vous êtes en train d'ourdir un complot contre moi. Vous souhaitez, paraît-il, ma destitution ou ma mort. Cet ami m'a conseillé de liquider les meneurs et m'a donné leurs noms.  Si je n'écoutait que mon égoïsme et mon désir de rester à la tête du royaume, je sacrifierais ces vingts notables sans hésiter ! Bien des chefs l'ont fait avant moi, et bien d'autres le feront après. Mais je suis né chef, j'ai l'habitude du commandement. Le faste des tams-tams et les louanges des flatteurs ne me grisent pas au point de me faire perdre la mesure. Les risques que tout chef court en ce bas monde ne me troublent pas non plus au point de me faire commettre sciemment un crime. Je sais une chose, et vous aussi, mes frères, sachez-le :  au pays où les audiences se donnent à l'ombre des grands arbres, le roi qui coupe les branches tiendra ses assises en plein soleil.  Tuer un être sans défense est facile ; mais c'est l'art du bourreau. L'art royal consiste à laisser vivre et à faire prospérer, et ce n'est pas toujours un art aisé."

Des livres à me recommander ? Je suis toujours preneuse !


PS : Et pourquoi ne pas continuer le voyage sur d'autres continents ? L’Amérique latine par ici, l'Asie par là, en n'oubliant pas la grammaire de tout bon aventurier sous le bras !

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