Du combat d'une mère, contre vents et marées - Les Mères de la place de Mai en Argentine

Les mères de la place de mai - Argentine

"Chaque jeudi, à 15h30, elles tournent. Dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre comme pour arrêter la machine à oublier, pour arrêter la machine à nier, le négationnisme qui se planque derrière la réconciliation."
[Daniel Mermet]

L'actualité de France Inter m'a interpellée ces derniers jours : il semblerait que l'émission culte "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet ne soit pas reconduite l'année prochaine. Cela fait longtemps que je n'ai pas écouté une émission de Daniel Mermet, mais je me souviens avec encore grande émotion d'une après-midi de peinture où la chance me fut donnée de tomber sur une magnifique rediffusion : "Avec les mères de la Place de mai".  

Cette émission aborde le sujet des mères argentines qui sont encore et toujours à la recherche de leurs fils/filles/maris disparus lors de la dictature. J'ai été bouleversée par leur amour sur lequel rien ni personne n'a prise. Elles sont blessées au plus profond de leur chair et chaque acte que ce soit à travers leurs manifestations chaque jeudi (depuis tant d'années, tant de jeudis à tourner autour de cette place) ou leur lutte farouche contre l'oubli en est transcendé. Je crois que ce qui me touche le plus finalement dans cette histoire, c'est la fragilité de leur combat face à cette machine à broyer le souvenir contre laquelle elles s'érigent ; beaucoup auraient rationnellement abandonné. Mais elles ont sorti ce qu'elles avaient de plus grand au fond d'elle : la légitimité de l'amour d'une mère/épouse et la dignité de chaque être humain. Un combat mené avec dignité vaut la peine d'être poursuivi.

Je vous encourage donc à écouter cette émission (ici) et vous conseille de rentrer directement dans le cœur du sujet, en passant tout de suite à la partie 2 à environ 3 minutes 20. Je ne vous cache pas qu'il vous sera sans doute difficile de retenir quelques larmes.

Voici la retranscription du poème que ce fils avait écrit à sa mère s'il venait à disparaitre :
POÈME A MA MÈRE
Si la Mort me surprend loin de ton ventre , parce que pour toi tes trois fils sont toujours là.
Si elle me surprend loin de tes caresses, dont j’ai tant besoin .
Si la Mort m’embrasse étroitement pour me récompenser d’avoir lutté pour la Liberté
Et si ton étreinte se referme seulement sur les souvenirs et les pleurs et les conseils que je n’ai pas voulu entendre.
Je veux que tu saches Maman que tu trouveras chez mes camarades une partie de ce que j’ai été.
Si ma mort me surprend ainsi amer mais honnête
Si je n’ai pas le temps de pousser un dernier cri désespéré et sincère.
Alors je garderai un souffle, mon dernier souffle pour te dire : je t’aime
Pour celles et ceux souhaitant approfondir le sujet, cet article de Jérôme Destouches pour TV5Monde est très intéressant.

EDIT : On prolonge encore le combat à travers l'actualité qui nous rattrape et on n'essaie même plus de faire semblant de retenir ses larmes ... non mais franchement, quelle puissance, quelle beauté !


4 commentaires:

  1. Magnifique article, le sujet y est abordé avec beaucoup de touché!
    Je t'invite à regarder le film de Patricio Guzman, Nostalgia de la luz, qui aborde également ce sujet avec classe et pudeur!
    Impossible de retenir quelques larmes

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    1. Non effectivement, impossible de retenir quelques larmes ! Oui j'ai vu "Nostalgia de la luz", magnifique, vraiment.

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  2. Pour info, l'émission n'est pas vraiment morte !
    http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/08/26/la-bas-si-j-y-suis-continuera-sur-internet_1087514

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