(Roman) On la trouvait plutôt jolie
J'ai écouté On la trouvait plutôt jolie de Michel Bussi lors de mes traditionnels déplacement en vélo, puis complétement happée par l'intrigue, j'ai "débordé" des plages horaires habituelles pour l'écouter en me lavant les dents puis, tant qu'à faire sous la douche et pourquoi pas en préparant à manger, en peignant... Une fois n'est pas coutume, je tiens à remercier la conteuse, Marie Bouvier qui a su si bien faire vivre les personnages !
Elle possédait ce luxe absolu d'être heureuse au point de mépriser l'argent.
C'est à nouveau le "coup de coeur du bibliothécaire" qui m'a guidé car le titre ne me poussait guère à franchir le pas ! Comment décrire ce roman ? Je dirai qu'il s'agit d'un subtil mélange d'intrigue policière, de documentaire sur la crise migratoire, et de théorie mise en pratique au fil des pages à travers l'émouvante histoire de Leyli.
Mais je ne rentre pas dans les cases, Ruben. Célibataire. Salaire de misère. Les offices HLM me proposent des studios, des F1 au mieux. Vous comprenez, Madame Maal, on réserve les F2, les F3, les F4 aux familles. C’est aussi stupide que cela, Ruben. Sans enfants, je ne peux pas prétendre à un logement plus grand. Et sans logement plus grand, je ne peux pas faire venir mes enfants. (Elle laissa à nouveau échapper un petit rire désabusé.) Le type qui a inventé ça, c’est un génie.
Que ces sujets ne vous rebutent pas ! Il se trouve que je ne suis ni une grande amatrice de policier, ni une très grande lectrice d'essai, ni particulièrement encline à me plonger dans un sujet qui m'émeut aussi profondément que les parcours de vie insensés des migrants (cf. la maraude, encore merci à eux). Ce livre n'est ni désespérant, ni misérabiliste ; c'est une porte ouverte sur la crise migratoire, la réalité des personnes qui la subisse, le cynisme de tous ceux qui en profitent et l'indifférence crasse qui réduit au silence les témoignages.
[...] pour couper la conversation, P. avait tourné le volume de l'autoradio. Renaud chantait, "c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme".
'Dès que le vent soufflera...'
Ils longeaient la plage, pas très loin des Aigues Douces. Des gamins se baignaient, P. les avait regardés avec mépris avant de lâcher :
- La mer, c'est dégueulasse, les migrants crèvent dedans.
La lecture y est riche d'enseignement. Savez-vous ce que sont les cauris ? Coquillage et véritable pièce de monnaie il y a de ça quelques siècles. Vous suivrez aussi l'enquête en compagnie du diligent Julot qui vous briefera, au titre de collègue, sur l'histoire des groupes sanguins. Passionnant !
Au départ, je vous parle des temps préhistoriques, l’humanité tout entière appartenait au groupe O. Les groupes A et B ne sont apparus qu’entre 10'000 et 15'000 ans avant Jésus-Christ, en Asie, au Moyen-Orient et sur les pentes de l’Himalaya, puis vont suivre les grandes migrations vers l’Europe, pour faire naître le groupe AB, le plus rare, il y a moins de douze siècles
Je conclurai en chanson car il faut savoir que "Leyli", c'est le clin d’œil de l'auteur à la magnifique chanson ci-dessous :
Et si vous souhaitez approfondir le sujet, l'interview de l'anthropologue Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky vaut le détour :)
Je conseille cette lecture à :
- tous les amateurs de lecture dite "facile" et pour autant instructive
- tous les curieux d'explorer une thématique d'actualité, la cause migratoire, de l'intérieur
- tous les friands d'enquête policière sans s'attendre cependant à l'enquête du siècle
PS : Et puis un soir, j'ai maraudé... et une magnifique série feel good "Call the Midwife"
J'ai trouvé la présentation de ce livre très intéressante; J'ai adoré la reprise de la chanson de Pierre Perret, pleine d'émotions! Etl'histoire de la Jungle de Calais instructive et questionnante.
RépondreSupprimerMerci de nous apporter tant de sujets de réflexions.
Merci pour ce doux message :)
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