Un pourquoi du comment de la fessée
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Grâce à Mai, j'ai trouvé intéressant de découvrir le point de vue du Dr. Edwige Antier, pédiatre, sur la douloureuse question de la fessée. On en a beaucoup, beaucoup entendu parlé il y a de ça quelques mois (années ?) maintenant et je me souviens avoir eu tendance à trouver les propos un peu rapides, dans un sens comme dans l'autre.
Voici aujourd'hui un peu de matière pour penser le sujet et aider à se forger un peu plus son opinion, quelle qu'elle soit. J'ai retranscris en dessous, les quelques points que je trouve intéressants du discours de la Docteur Antier.
De la sémantique pour commencer
Saviez-vous que la langue française comportait un mot particulier pour désigner 'la fessée' qui n'est pas exactement rendu dans les autres langues ? En anglais, le mot le plus proche serait le verbe "to spank" pour désigner un coup donné avec la main ouverte ou un objet plat, notamment sur le postérieur comme punition. Ce n'est donc pas la traduction exacte de "fessée". C'est étonnant, non ?Y aurait-il donc quelque chose de culturel ? Il semblerait que les pays nordiques ne la pratiquent pas... j'ai demandé à un collègue norvégien qui m'a confirmé n'avoir jamais été fessé ni avoir été témoin de la moindre scène de ce genre pendant son enfance. Anecdote notable : il se souvient parfaitement de la première fessée dont il a été témoin en voyage en France, il en a été profondément choqué, "en plein rue en plus !" m'a-t-il dit. Ce qui m'a étonnée moi, c'est de le voir aussi choqué (il a plutôt un gabarit de viking en plus) et j'ai été assez mal à l'aise de passer pour aussi barbare... Ceci dit, il semblerait qu'il y ait un mot norvégien qui traduise le terme "fessée".
On ne meurt pas d'une fessée
"Et encore heureux !" comme le répond le Dr. Edwige Antier ;) Ceci dit, je trouve intéressant les arguments qu'elles avancent sur les conséquences de la fessée sur le développement cognitif et émotionnel ainsi que sur la personnalité des enfants (qui seraient encouragés à être davantage dissimulateurs).Faire le lien entre fessée et punition
Il semblerait que les enfants ne fassent pas le lien entre fessée et punition. Ce que je veux dire par là c'est que tout l'objet de la fessée est à visée éducationnelle "tu as fait quelque chose de mal", or les enfants ne feraient pas le lien entre fessée et leur comportement répréhensible. A la question "Quand reçois-tu une fessée ?", l'enfant répondrait "Quand Maman/Papa est en colère" et pas "Quand j'ai fait une bêtise".La différence entre la maltraitance et la violence éducative ordinaire
"Tu vas t'en prendre une" = menace = violence éducative ordinaire quotidienneLe coup en lui-même = maltraitance (tout comme la douche froide et les coups de ceinture)
Les deux : une éducation qui entendrait asseoir son autorité par la peur.
Comment faire ?
J'aime le fait qu'elle reconnaisse la profonde et réelle difficulté à élever des enfants. Oui c'est très fatigant. Oui ça fait peur. Mais selon elle la solution n'est pas de serrer la vis et donner le plus rapidement un cadre. D'après elle ce serait même contre-productif car alors l'enfant chercherait à briser le cadre et se transformerait soit en "petit tyran", soit "s’éteindrait". La solution pour elle serait à chercher dans "l'aide à la parentalité" (notamment par le biais du renforcement de la confiance en sa capacité de parent et l'étude des rythmes de vie pour voir ce qui peut être adapté) qui, d'après ma maman infirmière puéricultrice, semble recueillir des résultats très positifs.---
Pour aller plus loin :
- L'article de Mai accompagnant sa vidéo.
- Un échange de commentaire critique intéressant sur l'aspect moralisateur de cette vidéo :
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Bref, j'espère que vous l'aurez compris, ceci n'est pas un article à visée moralisatrice, loin s'en faut : je ne suis pas là pour vous dire quoi faire. Mais que vous soyez parents depuis très longtemps, un peu moins, en devenir ou pas du tout, si le sujet vous intéresse, alors mon objectif est de donner matière à réflexion pour que son action ait du sens pour soi, ne pas faire quelque chose "parce-qu'on a toujours fait comme ça" quitte à se rendre compte que, sans s'être jamais trop posé la question de pourquoi l'on faisait comme ça, cela nous convient.
Que cette journée vous soit douce !
PS : Parce-qu'on ne cesse jamais d'être maman et que tout, tout peut se surmonter.
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