Qu'est-ce que la psychologie moderne peut nous apporter ?

On s'éloigna de la mission consistant à rendre des gens relativement sains plus heureux, plus accomplis, plus productifs; les mots "génie" et "talentueux" devinrent tabous.
(Martin Seligman) 

Récemment, j'ai fait la découverte lors de mes cours d'un personnage haut en couleur. Petit look de génie flottant dans des pantalons trop grands, j'ai tout de suite adoré Martin Seligman. Je voudrais aujourd'hui vous en parler pour plusieurs raisons.

Premièrement, parce-qu'étant le père de la psychologie positive, il incarne le fait qu'il y a bien un "après" Freud en Psychologie. On a retenu son nom pour des notions telles que le complexe d'Oedipe, le lapsus freudien, le mécanisme de refoulement, (...) mais aussi pour le côté plus polémique des pulsions sexuelles. Aujourd'hui, la Psychologie s'est grandement développée, certains mouvements ont pris le contre-pied de Freud, d'autres moins. Dans tous les cas, la psychologie ne s'arrête pas à Freud, et ça, c'est le premier apprentissage de cette vidéo.

Il y a dix ans, quand j'étais en avion, que je me présentais à mon voisin de siège et lui disais ce que je faisais comme métier, il changeait de place. Parce que, et à juste titre, il pensait que la psychologie avait pour but de découvrir ce qui clochait. Trouvez le cinglé! Aujourd'hui, quand je dis aux gens ce que je fais, ils se rapprochent.

Le second point (nomdidiuu ce que je suis scolaire... ahaha !) selon moi réside dans l'impact des objectifs poursuivis par la Psychologie sur la perception et les recherches qui en découlent. Cela parait terriblement trivial dit ainsi et pourtant : comprendre que pendant plus de 60 ans la psychologie se centrait sur l'étude des pathologies permet de mieux saisir la réluctance du grand public à son égard (Quelles pathologies ce psy va-t-il bien pouvoir venir chercher en moi ?). C'est désolant car non seulement il existe aujourd'hui une classification des pathologies, mais nous comprenons chaque jour un peu mieux les causes de celles-ci et des traitements efficaces ont pu être mis au point.

Néanmoins, se focaliser sur un aspect du problème (ici les pathologies), c'est développer un système de valeurs correspondant... et se fermer d'autres chemins d'accès au problème : l'étude de ceux qui vont bien, et la politique du "prévenir vaut mieux que guérir".

Les psychologues et les psychiatres sont devenus victimisants et pathologisants; notre perception de la nature humaine était : le malheur appelle le malheur. On a oublié que les gens font des choix et prennent des décisions. On a oublié la responsabilité personnelle. Ce fut le premier prix à payer.

Je trouve que c'est un magnifique tour de force que de détourner le lit de la rivière de nos pensées pour parvenir à concevoir différemment.

J'ai passé ma vie à travailler sur des cas de personnes extrêmement malheureuses, en me posant sans cesse la question : en quoi les gens extrêmement malheureux sont différents de vous autres? Puis, il y a à peu près six ans, nous nous sommes penchés sur le cas de gens extrêmement heureux, pour savoir en quoi ils étaient, eux aussi, différents de nous.

 (...)

Nous avons créé l'opposé du manuel de diagnostic des troubles mentaux: une classification des points forts et des qualités qui se base sur le sexe, sur la façon dont on les définit, dont on les reconnaît, sur ce qui les renforce et ce qui les entrave.

 (...)

Mais le résultat est que la mission que je veux confier à la psychologie, en plus de sa mission de traiter les maladies mentales, et en plus de sa mission consistant à rendre moins malheureux les gens malheureux... la psychologie peut-elle effectivement rendre les gens plus heureux? 

Vous pouvez retrouver le développement de la pensée de Martin Seligman lors de sa conférence Ted ici. Et je prépare un second article sur quelques uns de ses résultats de recherches sur le bonheur. 

Alors, c'est pas beau la psychologie ? ;)

PS : Penser différemment me fait systématiquement penser à Dominic Wilcox dans le domaine de l'art. Réinventer le normal, et en le relisant, je me rends compte que déjà là je vous pointais le fait qu'il était sans doute l'une des personnes les plus heureuses au monde ;)

PS2 : Pssssst, c'est bien le Chili sur la photo ci-dessus. C'est magnifique n'est-ce pas ?

PS3 : Qui va aux champi-pi-champignons demain ? :))) A moi les risottos !!!