(Livre) Vivre sans pourquoi, Alexandre Jollien
"Un cœur humain est si vaste, qu'il peut bien loger quelques paradoxes" Alexandre Jollien
On m'a offert le livre "Vivre sans pourquoi" d'Alexandre Jollien il y a quelques temps, j'ai beaucoup souri en voyant le titre, la personne en question avait clairement cerné un trait de ma personnalité (Johari ? es-tu là ? haha) !
Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain suisse-romand infirme moteur cérébral* qui raconte son parcours dans la quête d'apaisement. Est-ce parce-que son infirmité le fait souffrir ? Est-ce parce-que, comme évoqué à de nombreuses reprises dans ce livre, il est particulièrement anxieux ? Peu importe après tout. Je pensais faire quelques recherches supplémentaires pour vous donner les réponses à ces questions dans cet article et puis finalement, je me suis dit que ça ne changeait rien à ses écrits. A croire que je commence à vivre sans pourquoi...
J’aime beaucoup ce genre de livre qui peut ne pas se lire dans l'ordre, on en picore quelques pages de-ci, de-là. C'est peu contraignant et très rafraîchissant. L'acte de la lecture sans les inconvénients en somme. C'est assez nécessaire lorsqu'il s'agit de pensées philosophiques, il faut un certain temps pour pouvoir les métaboliser.
Ce qui me conduit directement à mon deuxième point concernant cet ouvrage : la philosophie. Qui lit de la philosophie parmi vous ? Personnellement je dois bien reconnaître que j'en lis très peu et c'est un tort : comment ne pas donner davantage de place à la question essentielle du "bien vivre avec soi-même". J'ai trouvé délicieux de se plonger dans ce voyage intérieur à raison de quelques minutes par jour. On y prend bien ce que l'on veut, un peu à la manière de mon amie Marie, professeure de yoga (entre autres), qui conclut chacune des postures par une phrase qui touche mon enfant intérieur "quand on n'en veut plus, [description de la posture suivante]". Vous y trouverez sans aucun doute matière à réflexion pour la personne du jour, qui ne sera pas la même que celle d'hier et de demain ; c'est très certainement un livre à lire et relire.
Sur la question de la méditation
Mon cow-boy intérieur
[...] Quand le mental me joue des tours et que la pratique du zazen m'est pénible, je fais appel à une sorte de cow-boy intérieur. Le voilà qui rapplique sur-le-champ avec un immense chapeau, de grandes bottes en cuir, des éperons rutilants. Chiquant du tabac, un revolver à chaque main, il est prêt à dégainer. Je le prie de dégommer tout ce qui bouge. Dès que la moindre idée se pointe, il la descend sans autre forme de procès. Ça peut durer des heures ! A la fin, quand il a bien fait sa besogne, je lui demande d'aller jusqu'au bout, de ne pas s'arrêter en si bonne voie et de décamper pour faire place nette à la paix.
Flinguer le mental mais renoncer à partir en guerre contre la réalité, cesser de voir partout des adversaires... La mort, la souffrance, les pulsions, les angoisses, les obsessions, tout se lève dans le ciel sans altérer le fond de notre être qui reste toujours intact. Tout prend naissance dans la conscience inconditionnée sans jamais l'entacher. Certains jours, je me sens d'attaque pour accueillir ce flot fabuleux à bras ouverts. En pleine tempête, je comprends que tout passe. Et je laisse passer.
Bien sûr, je me dispute parfois avec ma femme. Mais je sais que les colères, les fracas conjugaux appartiennent aussi au règne de l'éphémère. Tout es passager, provisoire, y compris le pire. Tout passe.. Le problème, c'est que je ne parviens pas à laisser passer, je me cramponne et je souffre. La méditation me fait toucher du doigt le caractère transitoire de tout phénomène.
Un handicap, un deuil, une séparation, une douleur, ça n'a pas vraiment l'air d'être provisoire. Pourtant, si je regarde d'un peu plus près, je soupçonne qu'il n'y a pas deux minutes où j'appréhende mon infirmité de la même façon. Tout dépend des circonstances, de l'humeur et des ressources du moment. C'est encore le mental qui fige, fixe et affirme que je suis handicapé une fois pour toutes. Pour être vrai, je devrais sentir qu'ici et maintenant, j'éprouve le handicap d'une certaine manière. Je suis prié de ressentir la fatigue, instant après instant, plutôt que vouloir la gérer en bloc. (p.116)
J'insiste sur la dimension de prendre ce qui convient à la personne du jour car il me semble important de préciser qu'Alexandre Jollien accorde une part très importante à la religion et les diverses interrogations qui en découlent. Nous suivons d'ailleurs son aventure en Corée du Sud où il tente de combiner foi chrétienne et zazen. Je n'ai pas ressenti de volonté de prêcher dans ce livre, et je loue sa grande ouverture. Je souhaiterais que davantage de personnes croyantes, quelle que soit la croyance, puissent se garder d'absolutisme.
"Mon hôte me signale qu'un autre mode de vie est possible et me défend d'absolutiser mes convictions et ma pratique"
Un Socrate coréen[...] Tu es en train de me dire que tu es venu à Séoul pour apprendre la vie spirituelle, mais ça te sert à quoi ?
- Justement, à ne plus se poser ce genre de questions : ça sert à qui ? Pourquoi ? ... Juste être qui on est, sans toujours vouloir autre chose, et tant qu'à faire, être un peu plus généreux avec les autres.
- Oui ben moi, je ferai ça quand j'aurai un super boulot et une femme canon à la maison.
- Tu peux commencer tout de suite, tu sais. Ce n'est pas un truc qu'on fait à côté.
- Oui mais quand même ! Il y a un temps pour tout. Moi, je m'attaquerai à la vie spirituelle une dois que j'aurai une femme et un bon boulot. Et d'ailleurs, c'est quoi la vie spirituelle ?
- Commencer par être un peu plus vigilant. Souvent, je me lève le matin et aussitôt s'enclenche le pilotage automatique de mes pensées. A peine enfilé mon pantalon, je commence à courir dans ma tête. Je prends le métro, je fonce, je ne regarde même pas autour de moi, toujours braqué sur l'après...
- Si on commence à méditer, réfléchir, on n'avance plus. Tu crois qu'à l'hôpital les médecins aux urgences, ils n'ont que ça à faire, méditer ? Parce qu'ils en sauvent des gens, eux !
- Mais méditer, ce n'est pas rester inactif, la bouche en cœur, au contraire, c'est participer au monde, être à fond dans ce que je suis en train de faire. Plus l'urgentiste s'est éloigné des projections, des émotions perturbatrices, plus il est disponible à ce qui arrive. Personnellement, quand je suis dans le brouillard, les angoisses, même surveiller ma petite au jardin d'enfants me bouffent une énergie folle et je suis à côté de la plaque. Alors tu t’imagines l'urgentiste s'il est envahi d'idées parasites ?
- Et ton urgentiste, où est-ce qu'il trouve le temps de sortir du brouillard et des émotions perturbatrices ?
- Chaque jour, un quart d'heure de pratique spirituelle, ça doit tout de même être jouable. Si on calculait le temps qu'on passe à manger, devant la télé, le temps perdu sur Facebook ou KakaoTalk... On se brosse tous les jours les dents sans se poser de questions. Mais même cinq minutes pour méditer, c'est de l'ordre du vital.
- Attends, j'ai passé ma semaine à rédiger dix CV personnalisés. J'ai répondu à des annonces, j'ai pris des cours d'anglais, tu crois sérieusement que le recruteur de Samsung, celui qui peut m'assurer une carrière, se soucie de savoir si je suis sur une voie spirituelle ou pas ? Le soir, quand tu rentres chez toi complètement claqué, que la boîte aux lettres est vide comme d'habitude, là tu bénis le frigo qui t'attend avec une bonne bière. Tu sors, tu vois des copains, tu vis quoi !
- C'est clair que, vue comme ça, la vie spirituelle paraît un peu du luxe. C'est peut-être ça l'injustice. On en fait un truc pour les privilégiés alors que ça concerne tout le monde et surtout plus encore ceux qui triment.
- Tu ferais quoi si tu devais aligner les petits boulots, si partout on te disait qu'il faut avoir de l'argent, te marier, faire des gosses ? J'ai un copain qui a tout lâché pour devenir moine à Ceylan. A 25 ans, il s'est taillé au Sri Lanka. Je l'ai revu il y a pas longtemps, ça faisait envie. Il était calme, paisible ! Il venait de perdre sa mère et il m'a dit qu'il avait passé des journées à observer son chagrin, jusqu'à ce qu'il comprenne que sa tristesse ventait d'un attachement et même pas à sa mère ... parce qu'en fait, elle, il réalisait qu'elle ne souffrait plus. Elle était tirée d'affaire ! Ce n'était pas ça le problème c'étaient les souvenirs, les regrets, les remords, le manque. Le mec, il a compris ça d'un coup. Mais tu te rends compte, pour en arriver là, il en faut des heures de vol. Tu te vois, toit, tout plaquer du jour au lendemain, fermer ton compte Facebook, mettre la clé sous le paillasson et décamper ? Je te le dis tout de suite, si je perds ma mère demain, moi, je me taille les veines !
- Oui mais sans en arriver là, peut-être que le défi c'est 'oser une vie spirituelle quand ta mère va bien ! Surtout que tu es en recherche d'emploi, que tu as des doutes, des tiraillements comme tout le monde. Tu peux t'y mettre tout de suite à mon avis.
- Et concrètement, ça donnerait quoi ?
Assis au côté de cadavres de pizzas et de canettes de bière, je reçois *ma* leçon. Bien qu'à moitié ivre, mon Socrate tient la route et brise un à un mes automatismes. Il y a toujours cette tentation de se prendre au sérieux. Qui a le monopole de sagesse après tout ? Mon hôte me signale qu'un autre mode de vie est possible et me défend d'absolutiser mes convictions et ma pratique. Le dialogue socratique s'est poursuivi tard dans la soirée :
"Le Soûtra du Diamant dit que tout ce que l'on vit, c'est comme les étoiles, les mouches volantes, une goutte de rosée, une bulle, un rêve, un éclair, un nuage.
- Va dire ça à ton patron si tu arrives deux minutes en retard ! Essaie un peu de lui balancer le couplet de la goutte de rosée, de la bulle ou de l'éclair !
- Mais ce n'est pas une question de dire quoi que ce soit, mais juste de laisser passer, de ne pas s'accrocher. Dans la vie, on ne maîtrise pas grand-chose ! Essayer d'être un peu plus généreux... Tu peux déjà dédier ta journée aux autres, souhaiter réellement qu'ils atteignent le bonheur ! Et tu commences par ceux qui t'ont fait du mail, ceux que tu ne supportes pas, et crois-moi, ce n'est pas rien de souhaiter que ton pire ennemi, que celui qui t'en a fait voir de toutes les couleurs, ait une vie sensationnelle !
- ça lui fait une belle jambe !
- Qui sait si, au fond, nous ne sommes pas connectés plus que ce que l'on croit. Je ne suis pas sûr qu'il va gagner au loto ou que sa vie sera considérablement meilleure, amis en tout cas, ça te lave, ça te sort du ressentiment, des blessures, des fixations. Ça te purifie le cœur. Et en plus, concrètement, tu cherches chaque jour quelqu'un qui a besoin d'un coup de main et tu n'hésites pas, tu vas l'aider pour de bon. Tu mets la main à la pâte !
- Et tu as une religion toi ?
- J'essaie d'être chrétien et je pratique le zen, oui.
- Ah oui le zen. Ça consiste en quoi au juste ? Parce que maintenant on en entend parler partout, même dans les entreprises. On te fait faire zazen et en même temps on te pousse à bosser comme un malade !
- C'est vrai qu'on a tendance à instrumentaliser le spirituel ! Mais au fond, c'est, mille fois par jour, revenir à la maison du présent. Là, maintenant, qu'est-ce que tu entends, qu'est-ce que tu vois, qu'est-ce que tu ressens ? Parfois, durant zazen, c'est sacrément long. Je voudrais être ailleurs, après. Tous ces fantômes, ces projets, ces démons intérieurs qui sautent à la gorge m'empêchent d'être juste dans le présent...
- Mais c'est super d'avoir des projets dans tous les sens. J'ai 22 ans, je veux profiter, j'ai des buts, et ça me va comme ça. Je vis !
- Oui mais quand, comme moi, tu n'es pas foutu d'apprécier ce moment-là et que tu crains toujours le pire, il faut quand même ramer un peu pour être heureux !
- On est tous comme ça, c'est notre nature, non ? Accepte ton insatisfaction et profite malgré tout de la vie. On n'est pas tous des Bouddhas...
- J'aspire quand même à un autre mode de vie, moins mécanique.
- Alors c'est toi qui a des projets, et peut-être bien plus que moi !
Il m'avait cloué le bec, et heureusement. Ma leçon du jour : ne plus me payer de mots. Ce soir, une petite blessure : mon embarras à parler de Dieu. Je sais très bien évoquer les pratiques bouddhistes, mais la foi qui m'habite, je la tais, sauf à balbutier comme un gamin.
Et vous, vous méditer ? J'ai découvert - enfin très modestement hein, quand j'arrive à passer une minute pleine sans pensées parasites, je me sens pousser des ailes - cette pratique l'année dernière, et franchement, ça me fait tout doux à l'intérieur... :)
PS : J'ai beaucoup pensé à la symbolique des contes en lisant ce livre... En ce moment je lis, ou plutôt je laisse infuser Eckhart Tolle, j'aime beaucoup.
* Et au moment où j'écris ces lignes je prends conscience de ce que Fabien évoquait dans son livre concernant le handicap qui devenait une identité à part entière avant que les gens se rendent compte qu'il y a des handicapés sympas, beaufs, méchants, etc. Comment peut-on définir quelqu'un par son handicap ? Comme ça, juste comme ça... comme je viens de le faire. Effarant.
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