La symbolique des contes - Comment libérer la femme sauvage qui est en vous ?

La symbolique des contes - Comment libérer la femme sauvage qui est en vous ?

"Tous les contes comportent un matériel susceptible d'être interprété comme le miroir qui reflète le mal-être ou le bien-être de la vie intérieure. On y découvre également des thèmes mythiques qu'on peut interpréter comme décrivant les stades de la recherche de l'équilibre, extérieur et intérieur, et donnant les indications pour y parvenir."
[Femmes qui courent avec les loups, Clarissa Pinkola Estés]


Ce n'est pas un livre facile, loin s'en faut, pourtant, il fait partie de ces livres que l'on n'oublie pas. Il faut le lire petit à petit, plonger dedans quand l'envie s'en fait ressentir et se laisser le temps de le digérer. C'est un livre qui prend du temps, qui remue les fonds marins de notre âme, et fait apparaitre des petites clés à la surface. Non, ce n'est décidément pas un livre facile, mais le voyage vaut le coup, car pour sûr, l'on en sortira transformé(e).

Clarissa Pinkola Estés analyse la symbolique des contes, elle parvient à faire ressortir la sagesse qui se cache derrière les mots anodins et tant de fois répétés des contes de notre enfance. Elle est allée chercher dans le monde entier les histoires qui se transmettent de générations en générations et qui jalonnent la vie d'une femme. Nous avons toutes en nous cette femme sauvage, certaines l'ont sans doute plus à découvert que d'autres, peu importe, chacune trouvera un conte qui résonne avec puissance en elle.

Ce livre est un voyage à travers les différentes cultures de notre si vaste monde, une aventure délicieuse qui apaisera nombreux tourments. Il m'est très difficile d'en parler avec mes mots maladroits tant Clarissa (oui, à ce stade, j'ai la sensation de la connaître intimement, elle représente cette figure féminine bienveillante sur laquelle chaque jeune femme peut compter) utilise les mots justes ; c'est très souvent très, trop intello, mais tant pis, le temps de la compréhension fait aussi partie du processus après tout ...

J'ai personnellement été fascinée par l'analyse à couper le souffle de la clé de Barbe Bleu, cette clé que tant de femmes se refusent à tourner dans la serrure ... quelle leçon de courage ! Je ne verrai plus jamais les contes de la même façon et je me réjouis d'ores et déjà de faire découvrir cette femme sauvage à mes filles s'il m'est donné d'en avoir ... et pourquoi pas à mes fils d'ailleurs ?

Au cours des pages de ce livre, j'ai souvent reconnu l'une ou l'autre de ces femmes qui m'entourent. Je les ai vues dans cette fragilité qu'elles partagent peu avec moi, mais que parfois je devine au détour d'une conversation. Toutes ces femmes sauvages, je les admire, je les trouve belle, d'une beauté terrassante en fait.

Voici un extrait qui je le souhaite du fond du cœur vous donnera envie de parcourir ce livre magique ...  et peut-être, qui sait, de construire vous aussi votre propre autel ...
Il est dur de passer des années auprès de ceux qui ne peuvent vous aider à vous épanouir. Dire que l'on est une survivante est déjà énorme. Pour beaucoup, le pouvoir est dans le terme même. Et pourtant vient le moment, au cours du processus d'individuation, où la menace, le traumatisme appartiennent au passé. Alors, il est temps de franchir l'étape qui suit la survie : celle où l'on guérit, où l'on *prend vigueur*. 
Si nous ne dépassons pas l'étape de la survie, nous nous limitons, nous n'utilisons que la moitié de notre énergie, de notre pouvoir sur le monde. Notre fierté d'être des survivantes peut constituer un obstacle à notre développement créatif, car nous nous contentons de ce statut, de cette marque distinctive. 
Il est souhaitable de ne pas considérer la survie comme la pièce maîtresse d'une existence. C'est une médaille durement gagnée, certes, mais une médaille parmi d'autres. Les êtres humains méritent d'avoir des récompenses et de beaux souvenirs, pour avoir réussi à vivre leur vraie vie, à triompher. Une fois la menace écartée, néanmoins, le fait de nous qualifier avec des termes appartenant aux périodes les plus terribles de notre vie est un piège qu’il faut éviter. Cela peut créer un état d’esprit limité Il est mauvais de fonder l’identité de l’âme sur les seuls hauts faits, défaites et victoires des mauvais jours. Avoir survécu peut endurcir une femme, mais, à un moment, le fait de s’y attacher de manière exclusive finit par inhiber toute nouvelle évolution. 
Quand nous voyons une femme mettre l’accent sur son identité de survivante, même si elle lui est désormais inutile, la tâche qui nous attend est claire : il faut lui faire relâcher son étreinte sur l’archétype du survivant, ou rien d’autre ne pourra pousser sur ses branches. 
Je la compare à une petite plante coriace qui, en dépit de tout, est arrivée, sans eau, sans engrais, sans soleil, à faire une courageuse, une jolie feuille. Mais elle veut prendre de la vigueur, maintenant qu’elle a laissé derrière elle les mauvais moments, il lui faut se mettre en position de recevoir de l’humidité, des nutriments, de la lumière, pour pouvoir être florissante, couverte de feuilles et de fleurs. Mieux vaut nous donner des noms qui vont nous pousser à nous développer comme des créatures libres. C’est cela, prendre de la vigueur. 
Les êtres humains mettent leur existence en perspective par le biais, entre autres, des rites, que ce soit Pourim, l’Avent ou les phases de la lune. Les rites évoquent et réunissent les ombres, les spectres de la vie des gens, les trient, les mettent au repos. On trouve dans les célébrations d’El Dia de los Muertos, le Jour des Morts, une formule qui peut aider les femmes à passer de la phase de survie à celle de la prise de vigueur. Elle est fondée sur le rite des ofrendas, qui sont des autels pour les défunts. Les ofrendas sont tributs, des mémorials, l’expression de l’affection à l’égard de ceux qui ont quitté cette terre. Je me rends compte que le fait de dresser une ofrenda à la petite fille qu’elles furent aide beaucoup de femmes, un peu comme un signe de reconnaissance à cette enfant héroïque. 
Certaines choisissent des objets, des écrits, des vêtements, des jouets et autres symboles de l’enfance destinée à être évoquée. Elles arrangent l’ofrenda à leur manière, racontent ou non l’histoire qui va avec et laissent l’autel dressé aussi longtemps qu’elles le souhaitent. L’ofrenda témoigne de leurs peines passées, de leur valeur, de leur triomphe contre l’adversité. 
Cette façon de considérer le passé à plusieurs conséquences : elle met les choses en perspective, recompose avec compassion une époque révolue en exposant une expérience vécue, ce que l’on en a fait, ce qui est digne d’admiration. C’est le fait d’admirer, plutôt que la création de l’objet, qui libère la personne. 
Quand on continue abusivement à être l’enfant qui survit, on fait une suridentification à l’archétype du survivant. C’est en prenant conscience de la blessure et en la mettant en mémoire, qu'on commence à prendre de la vigueur. Nous autres, femmes, sommes destinées à être florissante sur cette terre, non pas seulement à survivre. C’est un droit de naissance. 
Nous vous recroquevillez pas, ne vous faites pas toute petite si l’on vous qualifie de mouton noir ou de louve solitaire. Ceux qui ont une vision des choses étriquée disent que les non-conformistes sont comme des cloques sur l’arbre de la société. Mais au fil des siècles le temps a fait la preuve qu’être différente et rester en marge est la garantie d’une contribution originale, superbe et utilise à la culture de chacune. 
Lorsque vous avez besoin de conseil, n’écoutez pas les timides de cœur. Soyez gentille, soyez bonne avec eux, mais fuyez leurs avis. 
On vous a qualifiée d’insolente, d’incorrigible, d’insurgée, d’effrontée, de rebelle, de sans foi ni loi ? Vous êtes sur la bonne voie. La Femme Sauvage n’est pas loin.

Aucun commentaire:

Le Carnet de Maurine, c est un blog suisse qui se veut comme un carnet de réflexions que l on pourrait ouvrir à n importe quelle page : un sujet en menant tout naturellement à un autre. Une aventure guidée par la curiosité... A l abordage !

Le Carnet de Maurine © 2014-2016. Fourni par Blogger.