Un homme puis un père - Alerte, grande émission radiophonique.


"C'est la mère qui fait le père, aussi." 
(extrait  de la sublime émission "Un homme puis un père", France Culture)

Alerte, grande émission radiophonique.

Pas de faux semblant, nous allons entendre parler les hommes devenus pères. La venue n'était pas forcément préparée, attendue, parfois oui, parfois non... et toutes ces questions qui tournent dans la tête... comment va-t-on faire face ? se voit-on père ? s'imagine-t-on père ?

A-t'on le choix ?
- Quand est-ce que vous vous êtes senti devenir père ?
- Alors ça c'est une histoire étonnante car il y a effectivement un moment tout à fait précis où j'ai senti que j'étais son père.  C'était en séance d'haptonomie (ndlr : technique pour créer du lien entre le papa et l'enfant à travers le ventre de la maman), et à un moment, l'animatrice a demandé à Magali qui était allongée si elle savait vers qui l'enfant était tourné. Elle lui a répondu oui et elle m'a regardé, alors à ce moment là l'animatrice a confirmé "oui, il est bien tourné vers son père". Et c'est là que j'ai compris que j'étais son père. (...) Je me suis rendu compte de son existence, il était là, il m'appelait, il avait besoin de moi et... il me regardait.
Il y a la trouille, celle qui prend aux tripes, la trouille de reproduire sa relation insatisfaisante avec son propre père. Questionnements. Peu de réponses. Beaucoup de peurs. Ce n'est pas forcément le premier, et pourtant c'est toujours la première fois.

Cette peur qui ne part pas, qui ne partira plus jamais... la peur de le perdre, la peur de n'être plus seul, d'avoir une autre responsabilité que soi-même.

Et puis l'émotion. Cette explosion. Ce soulagement. 
Je lui ai chanté une chanson. On se regarde comme ça... on fait connaissance... on ne sait pas forcément quoi dire... alors j'ai chanté une chanson.

On ne sait pas quoi dire. On a pas forcément appris à dire... ni à ressentir d'ailleurs, mais sur ce point là non plus on ne vous demande pas votre avis. Il y a ce qu'on avait imaginé, et puis, la réalité...
L'arrivée en césarienne a été un peu brutale. C'est une opération chirurgicale quoi. Comme elle née un peu en avance, elle était toute recouverte de vernix, et puis il y avait du sang aussi. C'était assez... enfin... j'ai eu une grosse vague d'inquiétude. Ils la tenaient par le ventre et elle était toute affalée, sans mouvement... j'ai eu un moment de panique. Ensuite l'obstétricienne m'a rassurée quand elle a vu mon visage qui a changé de couleur, en me disant que tout allait bien, ils ont coupé le cordon, ils ont fait le tour du drap et puis là, elle s'est mise à crier. Et là, 'soupir de profond soulagement'. (...) Ensuite on est parti dans une autre pièce, ils m'ont fait mettre torse nu et me l'ont posée peau contre peau... vingt minutes à peu près en tête à tête qui ont été intenses. Magiques. Je pensais pas que c'était possible.

C'est une drôle de chose que d'être père, entre l'instinct, l'éducation, la culture. C'est un chemin de tous les jours, propre à chacun. A chaque père/enfant/âge, son moment. Un petit bout de toi, qui est devenu moi. Des souvenirs pour la vie. Le plaisir de se connaître, de se reconnaître en l'autre aussi. Et toutes ces peurs du lendemain qui font frissonner.
Je ne suis pas un papa qui parle beaucoup. J'ai un souvenir très fort d'un moment avec Jean. Il avait 5 ou 6 ans. On était en voiture, un matin, dans la campagne. On ne disait rien. Au bout d'une dizaine de minutes, je conduisais lentement, je me retourne et je le regarde. Il me regarde. Et on se sourit tous les deux. C'était incroyablement fort car à travers ce sourire, j'ai compris qu'il me disait qu'il était content d'être mon fils, et moi j'étais content d'être son père. Il y avait tellement d'émotions que la voiture en était tout embuée. Contents d'être ce qu'on était l'un pour l'autre. 
A écouter ici, encore et encore.

PS : De quelle couleur est l'amour maman ?,  Le combat d'une mère & Donner à l'enfant l'envie de se battre.

PS2 : Ce papa là, c'est le mien... et ce gros bébé, c'est moi !

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