Petits pains au Chorizo #challengeLireManger

C'est parti pour le grand #challengeLireManger 1/12 ! Je me suis régalée et qu'est-ce que j'ai ri ! En lisant vos participations qui m'ont fait saliver (chez Tita on ramasse des sacs de sel de larmes, chez moi c'était de la salive cette semaine !), avec le vendeur de chorizo en lui expliquant les pré-requis de ma recette et en le menaçant de venir hanter ses rêves si le chorizo était pas le must du must, toute seule en allant à la pêche des morceaux de recette dans le chapitre et avec mon mari en dégustant ce délice ! Ha, que du bonheur !
 

1e étape : résister à la bassesse du monde environnant

Mes camarades de jeu ont pris de l'avance sur moi ici dans les commentaires et ici dans les internets, je les soupçonne d'avoir fait exprès juste pour me mettre la pression... nan mais regardez moi ces photos !

 

M'enfin, comme j'ai la force de volonté d'une moule chilienne (donc très très forte), je suis inatteignable, surtout par ce genre de bassesses...  Même si j'ai salivé à chacune des photos... mais qui dit salivation, dit ça compte pas comme tout le monde le sait.

>>> Inatteignable, je suis, petits padawans. Essayez encore pour voir.

2e étape : la liste de course

 
 Petits pains pour Noël

- 1 boîte de sardines
- 500 g de chorizo
- 1 oignon
- Origan
- Piments serrano
- 10 petits pains ronds

(tiré de Chocolat Amer de Laura Esquivel)

La plus grosse difficulté : le chorizo. Je n'en achète jamais en Suisse, je me réserve ce petit plaisir quand je me rends en Espagne et malheureusement (oui ! ma vie est dure) aucun voyage prévu prochainement. Il a fallu improviser : non sans ressource, j'y suis allée de mon plus beau sourire avec le chef de rayon allant jusqu'à le pousser à me jurer que si j'offrais ce chorizo à des Espagnols, je sortirais vivante de la pièce...

>>> Je suis passée pour une folle mais finger in the petit pain rond !

3e étape : A l'abordage du "réalisme magique" latino-américain

Le réalisme magique dans la littérature, c'est quoi en fait ? Une petite spécialité de nombreux grands auteurs latinos (Laura Esquivel, Gabriel Garcia Marquez, Isabel Allende...) qui insufflent de l'extra-ordinaire dans le quotidien, une petite touche d'irrationnel qui pourrait être mais n'est pas probable.... D'ailleurs, on cultive beaucoup cette magie dans ma famille du côté chilien, il faut que je vous raconte quand même une histoire peu banale à ce sujet : un de mes cousins chiliens a eu pendant des années un ami imaginaire, sauf erreur jusqu'à ses 8-9 ans. Toute la famille, soit une bonne quarantaine de personnes, respectait et connaissait cet ami imaginaire sans aucun cynisme ni moquerie, et mon cousin l'emmenait partout avec lui ; d'ailleurs les tantes aimaient beaucoup lui (oui je parle de l'ami imaginaire) raconter des blagues. Mais l'histoire tourne au drame quand le plus turbulent de mes petits cousins fatigué de courir dans tous les sens s'assoie à la place (et donc sur) l'ami imaginaire. A partir de ce jour, on ne le revit plus jamais. Et ne vous avisez pas de rire de cette chute brutale comme j'ai pu le faire : c'est très très mal car c'est très très sérieux un ami imaginaire ;)

Un exemple à la 1e page du chapitre I de notre livre :

On raconte que Tita était tellement sensible que, dans le ventre de mon arrière-grand-mère, elle pleurait quand celle-ci hachait des oignons. Elles pleurait si fort que Nacha, la cuisinière à moitié sourde de la maison, n'avait pas à tendre l'oreille pour l'entendre. Un jour, à force de hoqueter, elle déclencha l'accouchement. Mon arrière-grand-mère n'eut pas le temps de dire ouf! Tita arrivait dans ce bas monde avant l'heure, sur la table de la cuisine, dans les odeurs d'une soupe au vermicelle, du thym, du laurier, de la coriandre, du lait bouilli, de l'ail et de l'oignon. Vous devinez que la traditionnelle tape sur les fesses fut inutile. Tita était née en pleurant. Peut-être qu'elle se doutait que son sort était fixée, que, dans cette vie, le mariage lui serait refusé. Voilà comment Nacha racontait l'irruption de Tita sur terre : elle fut projetée par un torrent de larmes formidable qui inonda le sol de la cuisine. 

L'après-midi, la frayeur était passée et l'eau évaporée par les rayons de soleil. Macha ramassa le résidu des larmes sur le carrelage rouge. Avec ce sel, elle remplit un sac de cinq kilos qu'on utilisa longtemps pour cuisiner. 

Et une vidéo avec un bel accent sensuel :
 

4e étape : bon et puis cette recette alors ?

J'y viens, j'y viens !

Nacha, qui s'y connaissait en cuisine - entre autres sujets, ici hors de propos -, proposa ses services. Elle se considérait la plus à même de "former l'estomac du petit ange", bien qu'elle n'ait eu ni mari ni enfants. Elle ne savait même pas lire et écrire mais sur la cuisine, elle en connaissait autant que la plus experte. (...) Tita emménagea donc dans la cuisine, et grandit des plus pimpants à force d'atoles et de tisanes. Elle développa un 6e sens pour tout ce qui touchait à la nourriture. Son estomac était réglé sur les horaires de la cuisine. Le matin, elle réclamait son repas quand elle sentait cuire les haricots, à midi, lorsque l'eau destinée à plumer les poules était chaude, et en fin d’après midi, quand on enfournait le pain du dîner. (...) Elle confondait le plaisir de vivre avec celui de manger.

 

Après 3 délicieuses lectures à la suite du chapitre faisant de Tita une amie d'enfance tant je connais sur le bout des doigts l'histoire familiale, je tiens la recette :

1/ Hacher menu l'oignon
2/ Frire le chorizo à feu très doux pour qu'il soit bien cuit mais pas trop doré
3/ Quand il est prêt sortez-le du feu et ajoutez les sardines dépouillées de leur arête. Grattez avec un couteau les taches noires sur la peau. Mélangez aux sardines l'oignon, les piments hachés et l'origan moulu.
4/ Laissez reposer avant de farcir les tortas.

Pour le pas à pas, je vous encourage chaleureusement à rendre une petite visite à Marion et son chef cuistot, recette en rime !




J'ai trouvé ça bon sachant que je ne voue pas un culte au chorizo, mon mari a lui adoré ! Pour éviter le petit côté sec, j'ai déglacé au vin blanc :). On vous recommande !

PS : Les explications détaillées du challenge c'est ici avec dans les commentaires les participations pour ce mois de Janvier de Béatrice et Marion, peut-être d'autres à venir ?

PS2 : Le réalisme magique ça me fait penser au pouvoir des contes. Life changing ! Et puis aussi à la magie de devenir père, ma-gni-fi-que émission radio.