En direct de mon piano : Chopin

Si la perfection n'était pas chimérique, elle n'aurait pas tant de succès.

Napoléon Bonaparte

Dans mon tout petit appartement, dans mon tout petit salon, il n'y a pas de télé mais il y a un piano. Je l'ai acheté avec mon premier salaire et j'ai mangé des pâtes pendant quelques temps. Je joue rarement du piano, mais c'est égal, je sais qu'il est là et les jours de grands chagrins ou d'infinie mélancolie, je peux me lover dans le creux de ses notes en bois.

L'autre soir, je jouais, du Chopin, comme à mon habitude et mes doigts étaient raides de n'en avoir pas joué depuis si longtemps mais l'air était tendre, le chat somnolait, je sentais la présence de mon mari qui étudiait. De la fenêtre glissaient les notes de mon piano qui au loin communiaient avec le silence de cette froide nuit d'hiver. Je jouais et laissais en même temps mes pensées divaguer dans cette paix qui envahissait chaque recoin de mon âme... abruptement et régulièrement interrompues par mes jurons intérieurs à chaque fausse note.

Et puis j'en ai eu marre de cette violence que je m'impose depuis tant d'années à chaque fois que je me mets devant le clavier, cette quête impossible de perfection qui me fait aller jusqu'à guetter le bruit mécanique de la touche qui a délivré sa note et d'en ressentir une profonde frustration. J'ai repensé à Angelin Prejlocaj, et ce qu'il disait sur la beauté de la fragilité. Et je me suis dit, tiens, pourquoi pas moi selon la terminologie de Fredrika Stahl ?

Allez au diable la timidité et le désir de perfection. De mon salon à vous, ma dernière étude :

Chopin, Valse en la mineur (KK IVa N°15)

PS : Cette belle photo, c'est ce que l'on voit quand en hiver, on se hisse au-dessus des nuages dans la belle région du Lac Léman, et donc en général quand on s'adonne aux joies des sports d'hiver :)

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