De l'art d'innover en insultes

De l'art d'innover en insultes

"Qui s'affecte d'une insulte, s'infecte." (Inconnu)

Il est des disciplines qui sont bien trop délaissées à mon goût. Je m'en suis aperçue au travail, avec ma chère et tendre collègue, une fois que nous étions seules dans notre bureau. Victime d'une de ces crasses certes gentillette, mais crasse tout de même, je ressentais un besoin irrépressible de lui envoyer un mot fleuri mais bien incapable d'en trouver un dans mon répertoire qui n'aurait pas manqué d'un professionnalisme certain. Convaincue de pouvoir résoudre cette équation impossible "proférer une insulte affectueuse professionnellement acceptable", je suis partie toute pensive à la maison.

Le lendemain, je bouillonnais d'impatience sur ma chaise : j'avais passé tout mon trajet de retour de la veille à chercher des insultes moyenâgeuses... (huhuhu, j'en ris encore). Patiente, j'étais en embuscade, prête à lui dégainer le plus sobrement du monde mon : "Soit. Visiblement tu es fière de ta blague, mais cela m'est bien égale, [pause marquée], espèce de coureuse de rempart".

"A la vue du visage interloquée de sa collègue, Maurine ne put s’empêcher d'afficher un contentement de soi au bord de l'insolence. Une longue pause fut marquée par les deux amies qui se dévisagèrent attentivement, interrompue brutalement par deux immenses rires qui fendirent l'air et leur valut le passage de plusieurs collègues alertés par le bruit... Il fut bien entendu impossible de raconter sans s'étouffer de larmes l'origine de ce fou rire, ce qui finit de les classer comme insortables."


Il devrait y avoir des doctorats és insultes, et pour rendre la chose encore plus accessible : des cours du soir en insultes. La société ne devrait pas fermer les yeux sur un tel phénomène car nous l'avons bien vu : l'universalisme conduit à l'appauvrissement. On ne peut se résigner à être réduit à des "putain", "connard" ou encore "emmerdeur". Ce n'est tout simplement pas satisfaisant.

Je revendique le droit de non seulement mal conduire ma petite voiture mais en plus de me faire insulter de manière fleurie ET originale. Certaines valeurs se perdent. C'est indéniable.

Imaginez, vous ratez pour la 5e fois votre créneau, dans une rue à sens unique, une sacrée file de voitures s’amoncelant derrière vos manœuvres désespérées (toute ressemblance avec des.... vous connaissez la suite) et voilà que vous entendez un beuglement "Mais tu vas avancer oui ??? enfin, elle a vraiment une araignée dans la coloquinte celle-là !". De quoi dédramatiser immédiatement la situation.... et réussir son créneau du premier coup !

Pourquoi se passer des "coureuses de rempart", "gourgandine", "nodocéphale", "gougnafier", "espèce de rosière" et autres joyeusetés ?

Aucune raison, n'est-ce-pas ? CQFD.


De l'art d'innover en insultes
Un petit livre croustillant 
sur le sujet et plus largement 
sur les expressions oubliées : 
de Dominique Foufelle. 

PS : La psychologie du bonheur, on en redemande !

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