(Roman) La drôle de vie de Zelda Zonk

(Roman) La drôle de vie de Zelda Zonk

"Vous savez, personne n'est obligé de laisser une trace. Si on se débarrasse de cette ambition, peut-être qu'on apprécie bien mieux la vie..." 
(Extrait de "La drôle de vie de Zelda Zonk", de Laurence Peyrin p.155)


Hanna a ce qu'on appelle une vie tranquille. Bercée par les flots d'une vie sans remous, rien ne semble pouvoir l'inquiéter. Un gentil mari, une agréable petite fille, une belle maison et un entourage haut en couleur.
Comme d'habitude, Marsha était spectaculaire. Sa blouse rose Saint Laurent se reflétant dans le miroir de son gloss assorti, ses cils ripolinés de noir faisaient une ombre d'aile d'oiseau sur ses pommettes lorsqu'elle aspirait le mimosa à travers sa paille. Elle trempait ses ongles carminés dans la marinade des crevettes mexicaines dont les reliefs tachaient la nappe en papier.  (p.107) 
Mais alors, d'où  peut bien provenir ce chagrin diffus qui recouvre d'un mince voile tout ce qu'elle regarde ? Si elle est bien incapable d'y trouver une réponse, ses proches ont quant à eux chacun une idée bien arrêtée sur la question...
- Je ne doute pas de sa capacité à te rendre heureuse. Ce dont je doute, c'est de TA capacité à être heureuse.
Et c'est parti pour la psychologie de boudoir, se dit Hanna. Curieusement, ça ne la gênait pas. Depuis quelque temps, elle avait appris à assumer sa mélancolie.
"Je sais, admit-elle. Je ne suis pas la femme la plus gaie du monde. Mais, objectivement, j'ai tout pour l'être. La déprime doit donc être un trait de mon caractère.
- Mmm... Moi je crois plutôt que tu souffres du syndrome du serpent qui se bouffe la queue : le bébé ne vient pas, donc tu déprimes, et comme tu déprimes le bébé ne vient pas. CQFD."
Hanna hocha la tête machinalement. Cette analyse lui en rappelait une autre.
"Ma voisine de chambre à l'hôpital pensait à peu près la même chose." (p.103)
Et plus encore suite à ce maudit accident. Hanna le sent bien, à la fois tout à changé et rien n'a changé. Mais serait-ce ce maudit accident ou sa rencontre avec la malicieuse Mme Zonk ?
Hanna hésita un instant, puis finit par comprendre que Zelda, campagnarde octogénaire, était bel et bien en train de lui parler d'orgasme. Tout cela avant le petit déjeuner.
Elle jeta un œil curieux à la vieille dame qui disposait alternativement des couches de légumes, de viande de mouton et de pommes de terre dans la cocotte.
Zelda avait donc été jeune, il fallait vraiment qu'elle intègre cette notion. Sous la chemise de cotonnade boutonnée jusqu’au creux du cou, il y avait eu un décolleté, et un soutien-gorge à balconnet probablement ; sous les cheveux blancs, il y en avait eu des roux, des noirs ou des blonds. Et elle gardait le souvenir des petites morts qui avaient fait vibrer son jeune corps. (p147)
Les premières pages de ce livre sont sans grande surprise et ont manqué un tantinet soit peu de saveur pour moi. Et pourtant, un petit je-ne-sais-quoi vous conduit à toujours et irrémédiablement tourner la page. Et tant mieux, car le talent de l'écrivaine se révèle dans son évocation du tourbillon passionnel, de la question du lendemain, de l'incapacité à renoncer, de la recherche du compromis, de la douleur du retour à la réalité. J'ai pris plaisir à frissonner avec Hanna, j'ai longuement pesté contre le déroulement de l'intrigue que j'aurais détourné tel un fleuve, quitte à le sortir de son lit (ahaha) Ah que voulez-vous, il faut savoir être raisonnable et honnêteté intellectuelle oblige, je loue la vraisemblance de l'histoire. J'y ai même trouvé une véritable pépite d'esprit :
"Écoutez, reprit la vieille dame, sérieusement. Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire : respectez les choix de votre mère. Même s'ils sont mauvais. Acceptez-les. Ce n'est que dans cette sérénité que vous vous trouverez vous-même. Vous ne pouvez pas construire votre vie en vous appuyant sans arrêt sur ce que vos parents ont fait ou pas fait. Faites leur deuil. Nous avons parlé de ça, l'autre matin, à Kinsale... J'y ai encore réfléchi, après... Et voici ma conclusion, que je veux vous livrer, une fois pour toutes : vous, Hanna, êtes une femme, une femme à part entière... Vous n'avez plus besoin d'eux, ni de vous battre contre eux... Votre vie ne serait alors qu'illusion." (p.281)
(Roman) La drôle de vie de Zelda Zonk
En somme, lecture facile à conseiller à :

     - tous les amateurs d'histoires d'amour
     - aux désenchantés du quotidien
     - aux fans de Marylin...


Psssst, au fait, c'était notre deuxième lecture helvético-québécoise commune, à Marion et moi. Ici, son regard sur Zelda. Et là, sa bibliothèque très fournie. Encore merci pour tout Marion ! Je me réjouis déjà de notre prochaine lecture...


PS : La vérité sur l'affaire Harry Québert, vous la connaissez ? Et savez-vous faire de la poésie avec vos casseroles ?


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