"L'avenir ne m'a jamais intéressée. Tous mes espoirs sont dans le passé." - Chico y Rita

Chico y Rita

Rita : Tu me suis ou quoi ?
Chico : Te suivre, moi ? Tu te prends pour la reine du carnaval ?
Rita : Alors pourquoi tu me fiches pas la paix ?
Chico : Parce que si je te fiche la paix, c'est moi qui ne serai plus jamais en paix.
[Chico y Rita, film réalisé par Fernando Trueba et Javier Mariscal]


Il y a des œuvres dont on peine à parler tant elles se sont élevées au-dessus de ce qu'un seul médium peut retranscrire. Il faudrait pouvoir trouver des mots à 3 ou 4 dimensions, un seul mot permettrait alors de retranscrire un son, une note, une ambiance, une atmosphère, une infime expression du coin des lèvres, et quinze ans de passé, la nostalgie d'une couleur, et la douce mélodie d'un accent chantant ... Mais malheureusement, un mot n'est rien de plus qu'un mot (et c'est déjà tant) et l'on passera sa frustration de ne pouvoir tout exprimer, tout rendre en lisant du Alessandro Baricco, qui lui, sait. En attendant, regardez cette vidéo pour vous mettre dans l'ambiance, fermez les yeux, et laissez glisser les notes le long de votre conduit auditif, allez-y, croyez-moi, c'est si bon.


Chico y Rita, c'est tout d'abord l'histoire de deux talents que rien ne peut arrêter dans la Havane des années 40. Cette voix, ces mains, ces yeux, ce sourire. Dons du ciel quand il s'agit de découvrir New York, malheurs quand il s'agit de se mêler au monde des affaires, infamies quand il faut descendre de la scène et n'être plus que soi. Nous suivons avec passion ces deux personnages condamnés à courir après ce talent qui les dépasse, qui émane de leur corps sans qu'ils n'y puissent rien, qui trouvera toujours son chemin, comme l'eau à travers la roche.


Un tout petit point peut être sur le trait qui est assez inattendu, du grand Javier Mariscal qui, je trouve, est très bien rendu en animation. Ce n'est clairement pas un dessin auquel nous sommes habitués, et certains auront sans aucun doute du mal (et à raison) à plonger dans l'histoire à cause de cela. Il faut savoir que chaque scène a été tournée auparavant par des acteurs, puis ensuite dessinée et travaillée en animation. C'est pourquoi les mouvements sont si fluides ! D'un autre côté je ne peux m'empêcher de penser aux coûts qu'un tel travail préparatoire engendre...

La musique, le travail sur les décors, l'ambiance, les voix (à regarder en VO, vraiment, les accents sont une mélodie à eux tout seuls), l'histoire du jazz et du bebop ... foncez ! Ce film vaut la peine. Mes mots ne l'ont déjà que trop abîmé...


PS : Au Japon, l'amour n'existe pas et un film qui ne vous laissera pas indifférent.

4 commentaires:

  1. As-tu lu le merveilleux livre de l'écrivain Haïtien Jaques Stephen Alexis "l'espace d'un cillement "?
    Tu retrouves cette magie des mots pluridimensionnels. La rencontre des 2 protagonistes s'établit et se développe à travers les 5 sens. L'approche sensorielle a remplacé l'analyse psychologique. Les sensations se superposent en chapitres correspondant aux 5 sens plus un 6eme...l'espace d'un cillement.

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  2. Aaah c'est hyper intéressant. Je le mets dans ma wishlist :) Merci !

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  3. Pour l'avoir vu également, je peux le dire haut et fort: si au Japon, l'amour n'existe pas (je n'en suis pas encore 100% sûr), à Cuba, c'est une certitude, aussi douloureux que beau, IL EXISTE!!!

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